Thomas Jolly défend la création en milieu rural
Auditionné à l’Assemblée nationale, le metteur en scène des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024, répond aux reproches des députés sur le snobisme présumé de sa création.
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Thomas Jolly et Patrick Boucheron, les organisateurs des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Paris, devaient dresser le bilan de leurs spectacles devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale le 25 septembre 2024.
Bien sûr, tous les parlementaires ont salué la réussite de ces spectacles mais plusieurs d’entre eux les ont critiqués pour leur « parisianisme ».
Ruralité
« L’accueil de certains tableaux de la cérémonie d’ouverture a pu questionner, voire être incompris par certains Français. Leur réception a surtout révélé une fracture entre deux Frances : celle des villes et celle des campagnes. Comment envisageriez-vous de diffuser l’héritage culturel des Jeux olympiques à travers nos territoires ruraux ? » demande la députée du Puy-de-Dôme, Delphine Lingemann (DEM).
Le député de la Creuse, Bartolomé Lenoir (UDR), va plus loin : « Il me semble que la cérémonie d’ouverture se devait de rendre hommage, comme les Anglais avaient su le faire en 2012, aux agriculteurs et aux ouvriers de nos campagnes. Avez-vous pensé à nos campagnes lorsque vous avez conçu la cérémonie d’ouverture ? Est-ce que, selon vous, cette cérémonie a suffisamment mis en valeur nos campagnes sans qui Paris ne serait pas Paris ? »
Une enfance rurale
En réponse, Thomas Jolly a mis en avant son ancrage rural : « Je vais vous parler de mon expérience d’acteur et de metteur en scène de théâtre public en milieu rural. J’ai grandi dans un village de 200 habitants en Normandie. C’est une professeure de français qui m’a mis Corneille dans les mains. Alors, le théâtre devient pour moi un endroit de la possibilité d’être au monde comme je suis. »
« Quand je suis sorti de l’école de théâtre, ma volonté immédiate était de rendre ce à quoi j’avais eu droit, poursuit-il. Non seulement parce que ça m’a fait en tant qu’artiste, mais ça m’a fait aussi en tant que citoyen en tant que personne. J’ai créé une compagnie à Gaillon, dans l’Eure. Le théâtre, et au-delà la culture vivante, est un outil qui fait société, qui permet à chacun et à chacune de retrouver une forme de discernement. »
Nouvelle étape de la décentralisation
La décentralisation du théâtre après la Libération a connu deux étapes : la construction des salles partout en France, puis la capacité de proposer des formes esthétiques dans ces salles. « Pouvoir aller au théâtre, c’est possible. Savoir y aller, c’est déjà moins évident. Maintenant, il faut travailler sur vouloir aller au théâtre. J’ai l’impression que les Français et les Françaises qu’ils soient en ville dans les milieux ruraux savent s’en saisir, savent apprécier et aiment cette circulation de la pensée que charrie le spectacle vivant. »
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